Giuseppe Pagano : «  Les tensions s’apaiseront si Wallonie et Flandre se rapprochent économiquement »

Dans une nouvelle interview pour L’Echo, le professeur Giuseppe Pagano répond aux questions de Jean-Paul Bombaerts. Il invite les francophones à se pencher sur une trajectoire budgétaire pour leurs entités fédérées, à la fois pour ne pas se retrouver à la merci des marchés financiers et pour être prêt, le cas échéant, pour négocier une nouvelle réforme de l’État avec la Flandre.¹

On finance la relance à coup d’endettement massif: jusqu’à quel point cette formule est-elle tenable ?

Pour l’instant, c’est parfaitement tenable, du fait qu’on emprunte à des taux très bas, voire nuls ou négatifs. Cela change la vision qu’on a de la dette. Dans les années 1980, l’État belge empruntait à du 10%. Pour l’épargnant, c’était un bon placement. Aujourd’hui, on emprunte à 0%, ça ne coûte plus en intérêts. En 2019, ce sont les banques qui ont payé des intérêts sur la dette puisque les taux étaient négatifs. Tant que les choses restent ainsi, tout va bien. Si par contre les taux devaient remonter, ce serait autre chose…

Emprunter à 0% ne comporte-t-il pas des effets pervers?

Emprunter à 0% résulte techniquement de la politique de la BCE mais économiquement, cela va à l’encontre du bon sens. Il n’est pas normal que le prêteur paie des intérêts à l’emprunteur. Cela peut conduire à des comportements anormaux dans la mesure où on pousse l’État, mais aussi les entreprises et les particuliers, à se financer par emprunt pour des projets qui économiquement ne tiennent pas nécessairement la route. Mais que voulez-vous que les États fassent en pleine crise? On n’a pas laissé les banques s’effondrer en 2008. On ne va pas aujourd’hui laisser des milliers d’entreprises tomber en faillite. On ne va pas demander aux sinistrés des inondations de se débrouiller tout seuls.

Quel crédit accorder à l’idée que la dette sera épongée avec de l’inflation et que, dès lors, il ne faut pas se tracasser?

Je n’y crois pas. Aujourd’hui, il y a certes peu d’inflation et si la BCE mène une politique d’expansion monétaire, c’est pour éviter une inflation négative. On peut bien sûr avoir une reprise de l’inflation, mais comme on part de très bas, on dispose d’une certaine marge. Or rien n’indique pour l’instant une reprise forte et durable de l’inflation, d’autant que la BCE s’est engagée à maintenir celle-ci sous la barre des 2%. Si l’inflation devait rependre, elle remontera ses taux, c’est sa mission de base. Fondamentalement, on ne rembourse plus les emprunts, on les refinance.

La suite de cet entretien est à lire sur lecho.be

[1] BOMBAERTS, J. (2021, 19 août). Giuseppe Pagano: « Les tensions s’apaiseront si Wallonie et Flandre se rapprochent économiquement » L’Echo